Vingt mille bougies illuminent la douce nuit pyrénéenne. Sur l' esplanade du Rosaire montent chants et prières polyglottes des pèlerins, valides ou non, regroupés en un long cortège. Comme chaque soir, la procession mariale mêle splendeur et ferveur religieuse. Regards d’espoir, cierges et flambeaux: avec l’eau et le rocher, la «lumière du monde» constitue l’un des trois signes de Lourdes. Cette année encore, par trains, bus et avions, 6 millions de pèlerins viennent chercher ici, un sens à leur vie.
Il y a cet hospitalier qui court tout sourire chercher un malade à l’Accueil Notre Dame. Il y a ce professeur de médecine accompagné de sa fiancée, infirmière depuis un an accompagnant bénévolement un groupe d' handicapés venus de Belgique.
Lourdes. Ses images d’Epinal comme autant de clichés, les Vierges en plastique remplies d’eau bénite, les bondieuseries toc et pas toujours de très bons gouts et les cars de touristes remplissant les 240 hôtels et meublés de cette petite ville d’à peine 15 000 habitants se transformant huit mois par an en seconde ville hôtelière de France.
Et puis l’envers du décor, l’ambiance unique et cette force étonnante ressenties à l’intérieur du périmètre des Sanctuaires avec la grotte de Masabielle, elles constituent la vraie motivation des pèlerins se pressant chaque année dans ce coin des Hautes-Pyrénées, à une encablure de l’Espagne. Les hospitaliers de Lourdes prennent souvent une à deux semaines de vacances pour le plaisir de donner temps, énergie et amitié aux malades. Et malgré la fatigue, le manque de sommeil, ils reviennent chaque année.
Étonnant, non?
A Lourdes aussi, pourtant dans une perspective très différente. C’est un moment à part, durant lequel ces bénévoles heureux, donnent corps et âme, animés par leurs désirs de servir le plus faible et sans aucune notion d’argent, Mais pour recevoir bien davantage en retour.
Les journées sont intenses, bien sûr, rythmée par les rendez-vous journaliers ou uniques, comme ces émouvantes processions eucharistique et mariale, points d’orgue de ces grands rassemblements. Ici tout se passe bien, aucun stress, rien que du partage.
A Lourdes, il est clair que ce sont les malades qui portent ces hommes et femmes a leurs services, les malades se sentent chouchoutés, entourés. le bonheur qu’ils ressentent durant cette semaine tient donc à autre chose, à un aspect communautaire vivant, fort, qui les régénère.
Voilà peut-être le vrai miracle de Lourdes. Ici, chacun qui en prend la peine est obligé de constater la présence d’une force étonnante, et d’une foi extraordinaire.
Les vrais miracles, à Lourdes, se situent au niveau du partage dans l' entraide pour les plus fragiles d' entres nous.
Et ne parlez pas des marchands du temple, le vrai Lourdes commence aux portes du sanctuaire, mais, encore faut-il les franchir.
Et surtout, ici, les vraies guérisons sont intérieures.
Voilà le vrai miracle de Lourdes.